Un mois loin de la gare et des trains, voila qui promet... du repos !!! A la rentrée, j'aurai peut être eu le courage de revoir la décoration du blog et, surtout, de faire une page "sommaire" dont je vous livre une première ébauche ci-dessous, histoire de donner envie ?
Dans un moment d'égarement j'ai évoqué ici les grands risques ferroviaires avec l'idée de lever un petit bout de voile sur la priorité absolue, bien que mal connue, de la Sncf : faire rouler les trains en sécurité. Comme rien n'est jamais gagné en ce domaine, la mentalité cheminote est résolument à la modestie, je ne faillirai pas à la règle : profil bas !
Si l'on résume donc l'épisode précédent, depuis sa création le train est puissant mais lourd, guidé donc rigide, exploité par des hommes. En toute logique, les cheminots de tous poils s'acharnent depuis le début à limiter les risques ; voici, en gros et en version grand public - que les professionnels me pardonnent - le résultat des courses 150 ans plus tard...
Des installations
Des voies, des aiguillages, de la signalisation, des locomotives, des rames, des voitures voyageurs ou des wagons marchandises : le train, service de transport, est produit industriellement avec d'innombrables installations de sécurité fixes ou roulantes. Des feux de circulation pour régler le trafic (et empêcher les trains de se rattraper) ; des règles de calculs de pente ou de courbe pour la construction des voies (pour permettre de rouler tès vite sans dérailler) ; des automatismes cachés sous les rails ou dans les trains (hop je limite ta vitesse, hop je fais passer le feu suivant au rouge) ; des contrôles électriques ou électroniques un peu partout (le feu x est éteint, l'aiguillage z n'a pas bien fonctionné, le 3ème moteur du Tgv vient de s'arrêter, ...) ; un mille-feuille mécanique, technique, technologique entretenu du mieux possible.
Mon exemple préféré : dans la longue liste de tout ce qui pourrait arriver, certains se sont inquiétés des conséquences d'un malaise du conducteur de train et ont eu l'idée de vérifier sa vivacité tout au long du voyage. Voila comment tous les conducteurs se retrouvent à actionner à chaque minute soit une poignée sous leur "volant", soit une pédale. Un oubli prolongé (malgré des bips de rappel) ? Un étourdissement ? Crac : le système arrête automatiquement le train (toujours ça de fait) !
Des règles
Un réglement général de sécurité, des directives, des consignes, des notes de service : que ce soit pour les grands principes de la circulation des trains, les fonctions des installations, la manière de les utiliser, ou le détail exhaustif des gestes à effectuer pour chaque situation, tout y passe ! Soit 11 (gros) bouquins à maîtriser pour la majorité des cheminots appelés à intervenir dans la sécurité auxquels il faut rajouter les documents propres à chaque métier (aiguilleur, conducteur, contrôleur, ...). Le tout en évolution permanente : parfois légère (un incident a permis de révéler une mauvaise interprétation, on adapte un point précis) parfois lourde (il faut uniformiser un sujet avec les réglements des autres pays européens : on ré-écrit tout un chapitre).
Mon exemple préféré : "dans une gare origine d'une ligne à voie unique, tout train X s'engageant sur cette ligne ne doit être expédié qu'après l'arrivée des trains de sens contraire ayant lieu dont l'heure normale d'arrivée précède l'heure normale de départ du train X". Parfaitement logique (après intense réflexion).
Des humains
Et plus précisément des femmes et des hommes formés, vigilants et modestes. Formés assidûment avec l'acquisition de la partie commune ci-dessus ; des "découvertes terrain" (alternance entre l'école et la réalité) ; des habilitations au poste de travail (le poste d'aiguillage de Trifouillis n'est pas le même que celui de Saint-Glinglin, la locomotive BBxxxx n'a pas les mêmes caractéristiques que la CCzzzz) ; des rafraîchissements (tous les 6 mois sur les postes où l'on ne va pas souvent) ; des maintiens de compétences rares (ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de train en panne depuis xx ans dans cette gare que l'on ne doit plus savoir comment faire) ; on a dit "formés" ! Vigilants parce qu'il est bien difficile de faire tous les jours les mêmes gestes et de ne pas tomber dans la routine (le "délit d'habitude") première ennemie de la sécurité. Modestes parce que tout le monde peut faire une erreur un jour pas comme les autres et que la sécurité reste une science fragile, susceptible avec les grandes gueules.
Mon exemple préféré : citation sans vergogne (car sans autorisation) d'un rappel récent aux troupes "n'oublions pas les trois principes fondamentaux de la sécurité : de la rigueur, de la rigueur ET de la rigueur"...
Des installations, des règles, des hommes : ces, assez traditionnels, volets essaient de maintenir, voire de faire progresser, en permanence la sécurité dans l'idée de ce que certains spécialistes proposent comme définition soit "l'absence de niveau de risque inacceptable" (si certains y retrouvent un goût de sujet de philo : "le bonheur est-il l'absence de malheurs ?", moi aussi).
Prochaine couche sur le sujet : la sécurité en gare (mais peut-être pas tout de suite :) )