Objectif de la mission : votre gare et vos trains doivent être propres !
Données du problème : 80 000 personnes vaquent dans l'une et les autres tous les jours ; les lieux sont vides très exactement trois heures chaque nuit ; vous avez des figures imposées (un niveau permanent de propreté) et des exercices libres (les incidents quotidiens à faire disparaître au plus vite) ; le tout est mesuré-évalué-noté car pèse lourd dans la satisfaction de vos clients.
Atouts : la Sncf met le paquet sur la propreté et le chef de gare a, sur ce coup là, des moyens dignes de ce nom : entreprises extérieures avec du personnel en nombre, du matériel, des objectifs précis, des obligations...
En gare
Hit-parade : crottes de chiens, boissons renversées, papiers papiers et papiers.
L'ennemi inattendu : le pigeon
Au fil de la journée, on passe le balai l'air de rien entre les voyageurs, on vide les sacs poubelle (qui ne doivent pas être pleins à plus de 50%), on ramasse ce qui traîne un peu partout, on brique les rampes d'escalier ou les portes d'ascenseur : comme la ménagère en sa maison, on entretient au long cours la propreté des lieux. Toutes les nuits, en revanche, se joue l'équivalent du grand ménage du samedi : sols récurrés à fond à grands coups de machines industrielles, lavage des zones innaccessibles en période de fréquentation du public et... nettoyage des voies ! Qui révèlent une fois les trains partis : papiers, sacs plastiques, billets de trains, gobelets et bouteilles, j'en passe et des pires (à se demander pourquoi il y a des poubelles sur les quais). Avec quelques mesures de sécurité pour éviter que le personnel ne se fasse écraser, on profite donc de la nuit pour aussi nettoyer les voies soit à la main (avec une petite pince en plastique et un sac poubelle, à l'ancienne), soit à l'aspirateur (un gros aspirateur...).
Tout cela relève du travail de fond, incessant, ingrat car ne se voyant que lorsqu'il n'a pas lieu.
S'y rajoutent les actions en urgence lorsque les agents Sncf rencontrent un souci lors de leurs déambulations en gare. "Avis, avis : déjection canine voie V repère R ; café renversé à côté du guichet 22 ; morceaux de verre au pied de l'escalator E". Retransmis à l'entreprise de nettoyage, l'incident doit être géré... rapidement ! Entre le moment du signalement et l'intervention, pas plus de 15 minutes sinon... pénalité ! Pourtant, que celui ou celle qui n'a jamais "gardienné" une (énorme) bouse canine me jette la première pierre : quinze minutes à essayer d'empècher 400 personnes de piétiner dans la .... peuvent paraître longues :)
En gare, enfin, se pressent aussi les pigeons... Qui, non contents de traverser les plate-formes à tire d'aile à la vitesse de chasseurs de l'armée de l'air en slalomant entre les têtes des passants (brrr), laissent derrière eux les souvenirs que l'on sait ! Point tant sur les clients eux-mêmes que sur les sols (ça glisse !), pylones et autres mobiliers de gare (beurk). Un mot aussi sur la graisse : l'exploitation ferroviaire demande encore l'utilisation de bonne grosse graisse bien grasse (je fais les alitérations que je veux) pour le matériel : sur le joli pantalon blanc d'une cliente c'est toujours un bonheur !!!
Dans les trains
Hit-parade : vomis, reliquats de repas, papiers papiers et papiers.
L'ennemi inattendu : le paquet de chips
Finalement, le nettoyage des trains est beaucoup plus simple ! Pratiquée, soit à l'atelier de maintenance, soit en gare pour les demi-tours, la technique est bien maîtrisée. Présente sur le quai à l'arrivée du train, une bonne douzaine de personnes prend d'assaut la rame : à qui l'aspirateur, à qui les toilettes, à qui le ramassage de la presse : les bonnes équipes vous "descendent" un Tgv en 10 minutes chrono, chapeau bas ! Il faut toujours rester un peu vigilant pour que, tout de même, les voyageurs aient le temps de descendre avant l'envahissement par les forces nettoyantes mais, à cela près : une affaire qui roule ! Lorsque les trains restent un peu en gare, certains entretiennent aussi l'extérieur : on fait le "pare-brise" ; les vitres côté paysage ; les portes...
Les incidents sont également plus réduits : 99% des interventions en urgence à bord d'un train se font pour un petit... malaise digestif avant le départ. Monsieur Nettoyage dispose alors d'un vaporisateur très très efficace puisque le souci reste avant tout olfactif... Tout le monde se demandant, je n'en doute pas, pourquoi l'ennemi inattendu est le paquet de chips j'explique la chose : les résidus de petites chips bien écrabouillées, soigneusement étalées sur deux mètres carrés de moquette, ont une tendance aussi fâcheuse qu'incontournable à s'accrocher aux poils de la dite moquette et à résister aux aspirateurs les plus robustes ! Dans le même temps, un sol recouvert de confettis jaunes et gras gâche irrémédiablement l'effet général de propreté de la rame : on n'en sort pas !
Sur quoi, je vous laisse j'ai du ménage...
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Enfin! J'ai attendu ta chronique avec beaucoup d'impatience! L'attente en valait la peine, j'ai beaucoup ri. Merci! :o)
Rédigé par : Traversière | 12 février 2008 à 15:47
je crois qu'il y a les placards à ranger chez Angel... tu peux lui envoyer une equipe ?
Rédigé par : lili | 12 février 2008 à 16:36
Si les services de nettoyage de la Sncf pouvaient venir faire un petit extra chez moi pour nettoyer les alentours du petit train en bois de Tant-Bourriquet, ça ne serait pas de refus. Merci d'avance ! :)
Rédigé par : Tant-Bourrin | 12 février 2008 à 17:12
lili>> ahahahaha oué, bien vu!
ah ça fait du bien de lire une chronique de la gare hein
j'étais en MANQUE
que cela ne se reproduise pas!
(chez moi aussi l'ennemi à abattre c'est le paquet de chips! saloperie)
Rédigé par : a n g e l | 12 février 2008 à 19:40
Et le chewing-gum? Celui que mon fiston a récolté sur son pantalon en Gare du Nord? Il vous avait échappé, le traitre!
Rédigé par : domifrangipanier | 12 février 2008 à 20:34
Quel plaisir de te lire.
Rédigé par : mamazon | 13 février 2008 à 21:38
A ceux qui ont (beaucoup) attendu et qui ont la gentillesse de m'écrire encore : merciiiii !!! (promis juré j'ai de la matière il ne me reste plus que le temps à trouver)
A ceux qui ont des propositions oiseuses de nettoyage à me proposer : circulez y'a rien à voir :)
Rédigé par : ophise | 13 février 2008 à 22:15
Voilà un article sympa à lire !! Pourquoi les poubelles doivent elles être relevées avant d'arriver à la moitié de leur capacité de contenance ?
-Pour des raisons pratiques : on sait qu'une poubelle à moitié pleine est une bombe à retardement qui n'attends que le bout de papier gras sur le gateau d'ordure pour déborder ?
-pour des raisons de sécurité (vigipirate) ?
-parce que la chef de gare est une maniaque ?
Autre question : qu'appelles tu les "vitres côté paysage" ? Cela signifie les vitres qui sont côté quai ? Car en ligne le paysage défilé des deux côtés, et ce que l'on soit dans le sens de la marche ou non (gnééééé)
Rédigé par : Lautréamont | 13 février 2008 à 23:51
Chère Ophise, quel plaisir de vous lire à nouveau!
J'avais bien cerné le danger des pigeons, mais, je l'avoue, sous estimé celui des chips. Bon, j'éviterais à l'avenir d'en consommer dans la rame en ayant une petite pensée pour vous!
Rédigé par : Grimms | 14 février 2008 à 18:42
enfin j'attendais avec impatience de te lire chère chef de gare, il est vrai que le nettoyage est une sport olympique, sncf certes, mais tout de même un sport difficile à gérer en gare
j'adore le balais ^^ des machines la nuit, merci encore pour cet article
Xav....
Rédigé par : Xav | 15 février 2008 à 22:43
Mais quand un gamin (le mien, par exemple) a un petit malaise digestif pendant la voyage, que faut-il faire ? Alerter le contrôleur ? A-t-il des vaporisateurs sous la main, lui ?
Rédigé par : Fofo | 18 février 2008 à 20:14
A titre indicatif :
Coût total annuel du nettoyage pour la SNCF : 150 millions d'euros.
Chiffre peu parlant pour beaucoup donc en voici un autre qui bien qu'approximatif est déjà plus imagé :
Coût total du nettoyage annuel ramené à une place : 1 euro par jour et par place (et non par billet).
Résultat : bof, en regard des sommes dépensées.
Aujourd'hui, le client veut deux choses : des trains à l'heure et propre.
S'il accepte de reconnaître que la ponctualité est à un niveau acceptable et que de gros efforts ont été fait, il est en revanche très déçu par la propreté des trains et gares et en fait aujourd'hui sa principale demande.
Conclusion : ba faut s'y mettre ;-)
Rédigé par : nipou | 21 février 2008 à 01:16
Finalement, c'est un peu comme dans les cinémas après la séance, non ? Et encore heureux, on ne fume plus, enfin, en principe.
Rédigé par : Gwen | 22 février 2008 à 08:39
Et les grosses taches , en EF, on les traite comment..?
Aimerait un mode d'emploi !!!
Fabrice
Rédigé par : Fabr | 24 février 2008 à 00:35
Bonjour
Ce post est trés interessant, tout comme le reste du blog que je lis réguliérement d'ailleurs (tombé ici par hasard). Lorsque quelqu'un vomit dans un train, nous autres les ASCT ne pouvont pas faire grand chose dans l'immédait, si ce n'est que d'isoler la zone atteinte. Par exmple, si c'est dans des WC, nous fermons ceux ci et nous apposons une étiquette "Accés Interdit" (ou hors sevice puis la cause). Si c'est dans un compartiment, pareil. i c'est sur une plate forme, nous ne pouvons que signaler les faits (soit en faisant une annonce, soit en mettant un écriteau ou les deux).
Ensuite, il faut prévenir la gare principale la plus proche et négocier une intervention des services d'hygiéne au plus vite. Cependant, cas vécu, une fois, j'ai demandé par téléphone au BV le plus proche de me préparer de quoi nettoyer les dégats. Reste aprés les odeur mais pour cela, on s'arrange aussi pour trouver une bombe désodorisante. Comme quoi, les controleurs sont polyvalents!
Rédigé par : coconuts | 26 février 2008 à 17:01
@ lautréamont : le coup des poubelles qui ne doivent pas dépasser 50% je pense que c'est un des points du contrat signé avec l'entreprise extérieure (il a probablement été "mesuré" qu'au-delà la poubelle est ressentie comme pleine ??? hihi). Sinon les vitres "paysage" c'était juste un effet de style pour éviter de répéter "extérieur" pfff faut tout leur dire :)
@ Fofo : oui oui en voyage le contrôleur est l'homme de la situation comme l'explique Coconuts un peu plus bas... (sinon, si le gamin est un habitué de la chose, prévoir médocs et sac plastique peut sans doute faciliter la vie ??? comment ça on sent le vécu ??? :)
@ Xav : ah les machines de nuit... et leurs conducteurs d'ailleurs !!! Un poème...
@ Gwen : on peut parler d'autre chose que des choses qui fachent stp (les clopes) ??? Parce qu'il y a encore du boulot sur ce point (tiens merci pour l'idée de sujet !!!)
@ Fabr : allons allons pas d'aigreur, des taches il y en a partout, parfois il faut les ignorer non ?
@ Coconuts : mais... les contrôleurs sont (souvent) nos amis hihi
Rédigé par : ophise | 27 février 2008 à 00:20