95 fois sur 100* le chef de gare, désormais expérimentée, croit connaître la situation... jusqu'au jour où...
En ce joli jour de mai (à peine contrarié par un léger mouvement social), vous êtes avisée qu'un groupe de 42 militaires a raté son train et a besoin de vous pour rentrer à bon port. Les trains de "bidasses" ont disparu du paysage ferroviaire depuis l'abolition du service militaire obligatoire, vous avez donc affaire à des engagés en goguette ou déplacement professionnel. Ce qui ne les empêche pas du tout de prendre d'assaut le prochain train pour leur destination alors qu'il est complet (le mouvement social sus-cité ayant entraîné la suppression de quelques trains), le contrôleur appelle au secours : vous y allez.
Sur place, pas grand mal : le responsable du groupe comprend bien qu'il vaudra mieux prendre le prochain train avec de la place plutôt que celui-ci déjà infréquentable ; passe lui-même (!) l'annonce à bord pour rapatrier ses ouailles sur le quai ; garde sa troupe sous le bras en vous attendant pour s'organiser. Tout est réglé, jusqu'au moment où...
Tant qu'à être sur le quai, vous vous rapprochez de l'agent d'accueil chargé du départ pour l'assister face aux inévitables et terribles retardataires. Annonce de départ, grands coups de sifflets, la routine jusqu'à la minute où...
Pour bien apprécier l'anecdote et le sel de la situation, recampons le décor : un quai, un train prêt à partir, 42 militaires en civil, un agent d'accueil, un chef d'escale, l'heure du départ s'approchant.
- client arrivant à toutes jambes pour attraper le train et soudain...
- groupe de militaires à tue-tête : "aallleeeeeeez, aaalleeeeez, aaaalllleeeez"
- vous souriez
- nouveaux clients courant ventre à terre pour arriver avant la fermeture des portes
- groupe de militaires : "hump dayyy ! hump dayyy ! hump daaay !!!"
- vous pouffez
- ultimes retardataires (les portes se ferment)
- groupe de militaires : "ooooh hisse ! ooooh hisse ! ooooh hisse !!!"
- vous riez de toutes vos dents
- client courant vers le train alors que les portes sont fermées
- groupe de militaire : "oooooooooooooooooooooohhhhhhhh" (decrescendo, très triste)
- vous pleurez de rire
- client stupéfait et désarconné devant le train qui s'en va
- groupe de militaires entamant en canon "ce n'est qu'un au revoir mes frères, ce n'est qu'un au revoiiiiiiiiiiir"
- vous n'en pouvez plus et essuyez tant bien que mal vos larmes
Merci à mes 42 inconnus pour ces très jolies fleurs !
.
PS : ne me poussez pas du côté de Brassens, je suis tombée dedans toute petite :)
Voilà une bien belle ambiance !
Rédigé par : Elodie | 08 juin 2010 à 23:31
Je suis rentré de Toulon hier.... 3 heures Marseille Paris ! Ca décoiffe DEDIEU !
Joli billet M'Dame ! Enfin ];-)
Rédigé par : Andiamo | 09 juin 2010 à 11:09
J'essuyais une larme de rire en terminant ton récit. Ils étaient entraînés pour ce numéro ou quoi tes 42? :D
Rédigé par : Galstar | 09 juin 2010 à 22:51
looool elle est splendide celle-là :)))
Rédigé par : Anna | 10 juin 2010 à 14:49
Superbe! Eu un truc dans le genre, mais avec deux petits garçons de 5 à 8 ans...
Rédigé par : ect-de-clermont | 12 juin 2010 à 18:19
Excellent! Rien de plus à dire.
Rédigé par : Francis | 14 juin 2010 à 15:22
Ah le presse-tige de l'uniforme d:^)
Rédigé par : Saoulfifre | 17 juin 2010 à 21:09
L'armée, c'est la sncf en plus marrant. A part ça, vous devriez vous faire éditer, Ophise. C'est très bon à lire.
Rédigé par : fre | 19 juin 2010 à 08:13
A tous : il est plus facile de parler des choses rigolotes que des sujets qui fachent... Merci de tous les partager !
La vie en gare est comme cela aussi, avec des moments incroyables de bonheur et des galères inimaginables : si je suis courageuse, je vous ponds bientôt des moments plus... éprouvants !!! (teasing ? à peine)
Rédigé par : ophise | 25 juin 2010 à 01:32
vivement le prochain épisode Ophise ;)
Rédigé par : ijojo | 27 juin 2010 à 18:40
Comme le temps passe vite, déjà presqu'un mois que tu as rédigé ce billet! Moi aussi, je suis à la bourre!
Etonnant, d'ailleurs, que des militaires soient en retard pour prendre le train. J'ai tellement entendu mon grand-père, officier de réserve, nous rabâcher qu'avant l'heure, ce n'est pas l'heure, après l'heure, ce n'est plus l'heure, l'heure c'est l'heure! Ils devaient plutôt être en goguette, tes soldats, surtout pour être aussi détendus.
Quelques notes d'humour dans une journée de boulot, c'est toujours bon à prendre!
Rédigé par : Zibeline | 04 juillet 2010 à 19:34
Super article. :)
Rédigé par : paris pronostic | 12 août 2010 à 15:44
Zut, ton PS me souffle le commentaire totalement hors-sujet que j'allais faire.
Je me contenterai donc de souligner que la femme, heureusement, ne s'emmerde pas toujours en chef-de-garant.
Merci à toi et aux 42 bidasses pour cet éclat de rire :-)
Rédigé par : Madame Patate | 19 août 2010 à 13:14
Mais heu, 8 juin le dernier post.... j'suis en manque
Rédigé par : Laurent | 29 août 2010 à 23:19
pppffff ça ronfle de partout, Laurent. Ophise est aux abonnés absents, Métro-pôle est dans un état semi-comateux, et le site de Pousse-Manette est devenu un ... site de voyance !! Me sens un peu orphelin, là ...
Rédigé par : Georges | 30 septembre 2010 à 17:17
Aux abonnés absents... un peu plus longtemps que parfois mais je n'ai habitué personne à des parutions fréquentes :)
Je sèche un peu en ce moment, je le reconnais volontiers : de quoi mais de quoi donc parler ???
Zavez des idées, des envies ???
Rédigé par : ophise | 01 octobre 2010 à 23:30
merci aux voyageurs retardataires, acteurs involontaires de cette rigolade générale! coté anecdotes, y-a-t'il des moments croustillants contés par les mécanos? dans les Alpes, les vaches, chevreuils, sangliers s'invitent souvent dans la "gestion du trafic", ou encore le camping installé au niveau du signal S "sifflez" (pas mal très tôt le matin...) et tant d'autres...
Rédigé par : Jérôme | 18 octobre 2010 à 11:59
Superbe....
Merci pour ce moment trés vivant.
Fabrice
Rédigé par : Fabr | 02 novembre 2010 à 10:19
ce que j'aimais à la gare Montparnasse , c'était
courir aprés les marins et leur toucher le pompom
Rédigé par : gabr | 26 avril 2011 à 21:00