Voila c'était ça le projet : un potager en carrés... Non pas qu'il faille le conjuguer au passé car il va très très bien (peu de risques de sècheresse pour le moment) mais qu'il lui arrive des drôles de trucs...
En l'occurrence je ne sais pas si vous voyez bien la surface entourant ce grand projet mais je vous résume la situation : un beaucoup trop grand terrain pour des exilés, 4 carrés de 1,20 x 1,20m, soit ... (je calcule ce n'est pas mon fort) : 5,76 m2 de carrés potagers et...
Une fourmilère.
Dans le mini-carré (40cm x 40 cm) du carré de 1,20m (vous suivez ?), le meilleur, le plus exposé au soleil, celui où j'ai l'intention d'installer le pied d'aubergine que j'ai amoureusement semé et entretenu à Paris (et confié au voisin vu les conditions de développement d'un pied d'aubergine cette année entre avril et mai) :
Une fourmilière.
Alors que désherber, entretenir, soigner un potager au carré est si facile que l'on ne comprend pas pourquoi on s'en est privé pendant si longtemps, que l'on a commencé (photo ci-dessus), malgré les frimas, à semer ou planter betteraves, salades, chou-fleur (au singulier celui-là), fleurs comestibles, aromates, brocoli (idem : 1 pied)... On revient au bout de quinze jours, on se réjouit de voir tout en forme (ah non pas le basilic qui meurt par noyade), on comptabilise les réussites : les pois gourmands sont sortis au pied du tipi, il manque une salade (que le coupable se dénonce), les carottes semées sous paillis sont présentes au rendez-vous (youhou) et...
Une fourmilière.
Comme j'ai une vague réticence à zigouiller la chose avec des produits toxiques (c'est la place de l'aubergine !!! Zavez envie, vous, de mettre des produits chimiques là où vous allez planter un truc supposé donner des choses qui se mangent ?). J'ai donc vidé la moitié de la fourmilière pour mieux la déposer au pied d'un arbre (petites, petites, petites, venez par ici...) et verser du jus de citron + insérer les écorces du dit citron dans la terre... en priant pour qu'elles se barrent dans le grand jardin et pas dans le carré d'à côté...
Ahum... tant qu'à maintenir (contre monnaie sonnante et trébuchante) un blog qui précise "malheurs d'une jardinière" dans son sous-titre et faute (comme tout le monde l'aura compris) d'être encore chef de gare : parlons jardin.
Tout vient à point à qui sait attendre et j'ai eu gain de cause en l'an 2013 :
Et maintenant, ladies and gentlemen, vous avez une vague chance de pouvoir suivre les déboires d'une potagére débutante.
Un lecteur (merci Denis) ayant souhaité avoir des nouvelles du jardin, voici le désormais traditionnel bilan annuel.
Jardin abandonné te le fait cher payer
La photo ci-dessus ne rend pas tout à fait justice à l'incroyable vitalité de la nature laissée à elle-même. Soit une prairie domptée, bordures soignées, plates-bandes quasi-désherbées et, un mois plus tard : la savane ! Certes, nous avons eu peu de temps à consacrer cette année à la campagne, je note tout de même de m'astreindre à un passage tous les quinze jours entre mi-avril et mi-juin. Juste histoire de ne pas me retrouver de nouveau debout avec de l'herbe à hauteur de cuisse, les mains pleines d'ampoules à force de démarrer puis diriger cette f...ue débroussailleuse, le dos moulu pour les mêmes raisons et le moral au fond des bottes (crottées).
Plante quand tu peux, la nature fait ce qu'elle veut
Dans l'herbe haute, à gauche du cerisier, noyée sous les graminées : une haie de cassis (puisque je vous le dis !). Les six premiers pieds ont été dûment plantés en novembre 2007 dans les règles de l'art, les six suivant fin avril 2008 lorsque nous avons réalisé qu'une demi-haie était vraiment ridicule. La technique a été absolument la même : taille des trous, engrais (naturel !), arrosage (unique), désherbage (inexistant). Vous me voyez venir ? Comme de bien entendu, l'ensemble est complètement déséquilibré : les plants d'automne se sont moins bien développés ! Maigrichons, des feuilles plus rares et plus jaunes, moins de fruits : y'a pas de justice, les proverbes ne font rien qu'à mentir !
Les fruits rouges sont tes amis, ne te laissent jamais démunie
Aux beaux jours, tout le canton était d'accord : 2008 était une année sans fruits ! La célèbre alternance avait frappé : peu ou pas de cerises, aucune prune et à peine plus de pêches. Et pourtant, chez les "parisiens" on confiturait à tout-va... La revanche des petits fruits. Fraises de bois si basses, si parfumées ; framboises drageonnantes qui se répandent partout ; groseilles blanches, rouges ou à maquereau (aie ça pique) ; cassis sexagénaire ou nourrisson : que du bon et surtout du "qui donne" ! On amusera un peu le pays car la récolte - ingrate - de ces petites merveilles tourne à l'obsession (quoiqu'il y ait bien du mérite à ne "pas gâcher") mais fermer son buffet sur une belle pile de bocaux de gelées et confitures vaut bien quelques moqueries...
Du labeur et du bonheur
Séquence philosophie de comptoir. Je serais très malheureuse que l'on s'y trompe : ce jardin trop grand, trop fougueux, trop envahissant, comme je le peux le décrire parfois, est surtout une vraie joie ! Peu importe son aspect ou ce qu'il produit : il est un morceau de bonheur dans nos vies. Je n'aime rien tant que jeter un vague matelas de jardin sur l'herbe pour y faire une sieste héroïque : supporter les oiseaux qui ont tous quelque chose à dire, craindre l'attaque sournoise des fourmis dérangées sur leur chemin, redouter les inévitables guèpes, m'agacer des vaches qui soupirent (fort !) dans le champ d'à côté, pardonner au voisin qui lance son motoculteur (faut bien que ça se fasse...). Et dormir comme un sonneur ! L'Indiana Jones du roupillon... Investir dans des jumelles pour recenser les différentes espèces d'oiseaux qui nous font l'honneur de nous visiter. Renoncer, une fois encore, à traiter un rosier désespéré pour ne pas saloper tout ça. Sortir dans la nuit, un verre à la main, regarder les étoiles et avoir très peur. ...
et trouver, malgré tout, que cela demande bien du travail (36 heures entre les deux photos) :
A ma grande honte, je réalise que les malheurs d'une jardinière ont laissé depuis longtemps le pas aux chroniques du chef de gare... Le dernier billet est de janvier et traitait des rêves, désirs et fantasmes herbicoles que j'entretenais pour l'année à venir. Nous voici en décembre, qu'en a-t-il été finalement ?
Fruitiers
Point d'amandier ! L'idée n'est pas abandonnée mais elle demande plus de réflexion : peut être en palmette contre un mur ??? En revanche, la Toussaint a permis d'agrandir le verger avec un "Reine Claude dorée" et... un abricotier !!! Avoir reculé sur l'amandier pour mieux sauter sur le Bergeron : l'avenir nous dira si nous sommes inconscients... Points en notre faveur : le bébé arbre (je me ridiculise si je veux) vient directement de la pépinière voisine qui maîtrise le climat local, a été planté à racines nues et en novembre (suis supposée avoir pleins de bons points là !!!). Ah oui... je dois également avouer ma faute : j'ai planté un figuier, au mois d'août, sans même en connaître la référence précise : aïe, ouille ! Euh... et aussi quelques pousses de noisetier, dans les mêmes conditions : hum ! Vite, vite, enchaînons : 6 beaux pieds de cassis en haie ??? A l'automne aussi (une image pour 10 bons points ?).
Fleurs
Un malheureux rosier en tout et pour tout... Je dis malheureux parce qu'il a du mal, mais du mal, à prendre, je crains le pire. Il s'agit pourtant d'un "Pierre de Ronsard" connu pour être costaud, offert l'année dernière à Jolie-Maman chez qui il croît et prospère honteusement et dont j'adore les grosses fleurs (foin des rosiers "boutons", à défaut d'avoir des pivoines toute l'année vive les grosses roses). Avec l'été remarquable que nous avons eu, il a les feuilles noires qui tombent, est gringalet et s'obstine à faire des fleurs que je ne vois jamais mais retrouve momifiées sur les branches : la situation est grave ! Premiers secours : désherbage digne de nom à son pied et bouillie bordelaise. Rendez-vous au printemps...
Les cosmos ne sont jamais sortis !!! Ni ceux supposés s'être ressemés tous seuls, ni ceux des trois sachets amoureusement jetés au vent comme d'habitude. L'aneth, qui devait les étoffer, n'a jamais pas plus pointé le bout d'une feuille... Je n'ai pas revu non plus de glaïeuls (tant mieux leur couleur était trop fade) ; j'en conclus que les livres ont raison : il faut déterrer les bulbes chaque année, ce sera donc un jardin sans glaïeul ! Ont survécu cette année encore : les hortensias toujours aussi minables mais vivants, les jacinthes du Cap de plus en plus grèles mais présentes, et - fierté - les dahlias simples laissés en terre pour l'hiver (avec une petite couverture de feuilles de fougère) qui sont... superbes !!! Ah mais ! A suivre : la transplantation en novembre d'anémones du Japon dans le massif d'iris (voila de la fleur increvable !).
Sont venues s'installer toutes seules quelques nouveautés : pavots de Californie mais aussi des fleurettes mystérieuses que je vous laisse bien volontiers identifier (la deuxième je sais ce que c'est mais j'ai eu tant de mal à trouver que je ne résiste pas à vous soumettre la colle) :
Voila, cela m'apprendra à être modeste dans mes rêves de jardin... Mais janvier et ses catalogues devraient mettre à mal mes bonnes résolutions !
Comme la digne jardinière que je veux être quand je serai grande, je me délecte des catalogues et autres sites de plantes. La période s'y prête : exilée à Paris loin de ma prairie, je me venge en faisant des projets de plantations. La liste est longue...
Cette année c'est décidé, je vais enfin m'offrir cet amandier qui manque à notre ébauche de verger ! Mon carré d'herbe est, certes, légèrement au sud de la Loire mais en plein climat continental pouvant connaître des 40° l'été pour tomber à -12° l'hiver : l'amandier n'est peut être pas de circonstance ? Qu'à cela ne tienne : celui-ci me semble approprié (quoique la floraison en février... n'est-ce pas encore un peu tôt ???).
Ensuite, des rosiers, des rosiers et encore des rosiers !!! D'abord c'est joli mais surtout ce n'est pas compliqué (je repète fermement : le rosier n'est pas compliqué !), ma bonne terre riche et argileuse devant y être pour beaucoup car, côté soins, mes rosiers sont quasiment laissés à eux-même. D'abord je refuse de traiter à tout-va les taches noires et autres maladies (si ça doit crever, ça crèvera), je taille vaguement au printemps le bois mort (et encore), je ne suis jamais là pour couper les fleurs fanées : résultat ci-contre ! Comme quoi, il ne faut pas se laisser impressionner par la littérature ! Donc des rosiers. Une envie irrésistible de Madame Alfred Carrière et des années de recherche enfin récompensées avec la trouvaille d'un couvre-sol façon églantine : "Tapis volant" dont j'espère bien qu'il saura vaincre les orties ! Faut-il que j'avoue en plus qu'il devrait s'accorder à merveille avec les anémones du Japon que j'adore (et qui ne demandent rien à personne pour pousser et fleurir !!!) ?
Enfin, une sévère tentation de planter utile en ces périodes de disette personnelle. Je m'explique : 2007 sera l'année de l'artichaud : c'est beau, c'est grand, c'est décoratif, c'est bon si on le mange et joli si on n'est pas là à temps pour la récolte ! Sinon, semer de l'aneth ne serait-il pas du meilleur effet pour étoffer un peu la base des cosmos, toujours un peu dégingandés ? Renseignements pris, l'angélique ferait des ombrelles de toute beauté (mais aurai-je le courage de confire ses tiges ???), la camomille pousserait partout, le salsifi ne demanderait aucune assistance... Et je n'oublie pas les plants de tomates cerises qui, chez nous, ont la politesse de "donner" sans le moindre arrosage.. Allons un beau printemps à creuser, semer, planter en perspective !!!!
Sauf que...
... faute d'avoir fait un plan de jardin, difficile de se lancer ! Hormi le coin verger où nous avons gardé les (très vieux) arbres existants et planté dans leur alignement pour obtenir - un jour peut être - deux files de fruitiers de petite taille (coing, mirabelle, brugnon, pêche des vignes, guigne...) aucune initiative n'a été prise à ce jour... A la périphérie on se lâche : création d'une haie libre, jets de chataignes (au cas où un arbre pousserait), laissez-aller des érables et sumacs envahissants, amnistie annuelle pour les pruniers sauvages, etc. Mais oser planter en plein milieu de l'espace voila qui est plus difficile ! Pas de ligne directrice, pas d'idée générale, pas de projets formalisés. Les lisières se construisent alors que la clairière reste vide... Se lancer dans un malheureux massif central serait ridicule : il faudrait en concevoir plusieurs pour que cela ait du chien (et l'on connait le temps que vous pouvez consacrer à la chose : irréaliste !) ; construire tonnelles et pergolas est tentant : ne pas oublier les difficultés à venir pour passer la tondeuse ; planter des haies de pommiers en cordon est quasiment irrésistible : nous ne sommes jamais là pour récolter les superbes fruits que cela donnerait... Casse-tête et désarroi...
Et voilà comment, cette année encore, je vais devoir limiter mon appétit de commandes ainsi que la croissance du chiffre d'affaires des pépinières voisines en attendant de remettre la main sur mon amie Isabelle, architecte-paysagiste de son état, dont j'attends le salut sous forme de plan...
Derniers moments à la campagne pour fermer la maison avant l'hiver... En fait, le travail à abattre est dans le jardin, l'expérience ayant montré que tout ce qui se fait maintenant est autant de gagné pour le printemps ! Cela dit, en additionnant à peu près 8 heures cumulées de travail pour préparer 6 mois d'absence, il a fallu faire vite et, sans vergogne, tout à contre-pied !
Taille sévère mais hélas sauvage
Tous les (bons) livres de jardinage le disent : pour que ça pousse, il faut tailler. J'en avais déduit que la haie libre (à droite sur la photo) allait prendre 2 mètres en 4 ans mais non ! A savoir si ce sont nos tailles qui sont trop sévères ou le fait que personne ne soit là pour l'arroser aux beaux jours, la question reste entière, mais la chose n'a pas grandi de plus d'un mètre pendant tout ce temps... Ce n'est pas une raison pour se priver : taille générale malgré tout (il parait que c'est important pour que les arbres "s'étoffent d'en bas" : dans 10 ans j'aurai une belle haie de 2 mètres de haut bien étoffée d'en bas, enfin, peut être...). Même motif, même punition pour les fruitiers : on se lache sur la "taille de formation" ! Comprendre que l'on coupe tout ce qui dépasse ou penche, en prenant bien soin de reculer de quelques pas et de tourner autour de l'arbre pour que le tout soit harmonieux. Je connais un cerisier (oui oui c'est écrit partout : on ne taille pas les cerisiers mais bon...) qui s'en porte très bien, espérons que cela sera pareil pour les autres (gloups l'angoisse m'étreint). On n'oublie pas de dégommer, pardon de rogner court, toutes les grimpantes qui menacent les gouttières (qui a eu l'idée de planter un chèvre-feuille là ???). Enfin, on ignore royalement les rosiers (on a décidé de faire partie de l'école qui taille en mars), la vigne (enfin très très légèrement tout de même mais chut faut pas le dire), et malheureusement l'herbe de la prairie qui en aurait pourtant bien besoin mais la technologie moderne (la tondeuse) nous ayant lachement trahie...
Plantations : à la Ste Catherine, tout bois prend racine !
Les dictons populaires y'a que ça de vrai !!! Sauf que creuser un trou de 1m par 1m en novembre, avec une belle et haute herbe non tondue, est bien plus difficile qu'en mars, nous plantons donc nos arbres (fruitiers) au printemps c'est vilain mais fastoche ! Nous en serons quites pour des arrosages copieux mais de toutes façons la première année c'est incontournable... Donc, côté plantations automnales nous nous sommes limités à deux oignons d'Allium giganteum (de l'ail décoratif quoi) que les mulots et autres musaraignes daigneront peut être ne pas croquer d'ici les beaux jours...
Désherbage à tous les étages...
Face aux buissons d'orties qui se disséminent dans l'herbe toujours pas coupée, les troupes ont déclaré forfait et se sont concentrées sur les deux-trois obligations de saison : désherber encore et toujours les iris pour que "l'on voit leurs rizhomes" ; dégager et rabattre les santolines pour "leur assurer une repousse touffue en forme de boule" ; couper les pivoines herbacées ainsi que les dahlias simples et pailler ces derniers pour "protéger les bulbes que vous souhaitez laisser en place" (s'il faut commencer à arracher des plantes pour les mettre à l'abri du froid, on n'en sortira pas). Service minimum en quelque sorte.
Avec tout ça (des ampoules plein les mains et les reins brisés), on est absolument sûrs et certains de retrouver aux premiers beaux jours un jardin... pire qu'avant ! Ce qui nous aura échappé aura profité de notre absence et ce que nous aurons chouchouté aura bêtement péri d'une gelée blanche... Peu importe, nous avons la conscience en paix de ceux qui ont passé "un dernier coup avant l'hiver" !
Attention : les lignes à venir vont à l'encontre du "politiquement correct" jardinier et l'auteur est parfaitement décidée à assumer les conséquences de ses écrits...
Oser se plaindre des orties est désormais une faute de goût et celle qui s'y risque s'expose aux inventaires détaillés des nombreux bienfaits de la belle : en purin, en soupe, en quiche, si l'on en croit ses aficionados : tout est bon dans l'ortie ! Oui mais... pour la malheureuse jardinière du dimanche, affligée d'un trop grand jardin pour être maîtrisé à raison d'un week-end par mois, l'ortie est ... une calamité !!!
Il faut voir la bête (car je dote bien volontiers l'ortie d'une âme, malfaisante n'en déplaise...) proliférer par buissons entiers sans aucun respect ni de la tentative de prairie, ni des essais de plate-bande, ni des hypothèses de massifs... Laissée à elle-même, elle a vite fait de vous dépasser en hauteur ; tondue ou arrachée elle n'a cesse de repousser envers et contre tout, en touffes toujours plus denses... De l'ortie comme mythe de Sisyphe de l'amateur en jardin...
Des esprits instruits finissent par vous donner le truc : il faut "avoir" toute la racine pour s'en débarrasser. Ouiche, la belle idée : pour avoir tiré sur des mètres et des mètres de racine d'ortie, il n'en ressort qu'un enseignement : elle repart de plus belle du moindre millimètre oublié. Je la soupçonne même d'être capable de repartir de rien...
La tonte semble être un bon moyen de contenir l'invasion mais la moindre défaillance technique de l'engin, les quelques jours de pluie qui empêchent l'exercice ou l'absence du propriétaire des lieux sont autant d'opportunités pour la piquante d'agrandir son territoire... Alors, j'avoue ma faute, ma très grande faute, alors que je limite l'utilisation de la chimie dans mon jardin, je me suis trouvée, à de nombreuses reprises qui plus est, à passer un célèbre désherbant "systémique" sur des feuilles d'ortie... au pinceau ! Oui, au pinceau pour ne pas toucher d'autres plantouilles qui trouvent grâce à mes yeux... Le ridicule ne tue pas la jardinière !
Avant de lancer un grand appel dans les nimbes du web à la meilleure recette d'extermination de l'ortie, je souhaite, malgré tout, préciser quelques prises de position :
- de la passion générale pour le purin d'ortie : si j'étais l'heureuse habitante permanente de mon jardin, je ne doute pas que je passerai (malgré l'odeur) du côté des pratiquants de la chose. Mais, ma présence épisodique ne me permet pas de fabriquer puis d'utiliser la mixture... Ce n'est donc pas un refus obtus mais une triste adaptation à mes contraintes parisiennes. Pour preuve de ma bonne foi, j'encourage tout le monde à suivre de près l'affaire de la "guerre de l'ortie" (on aura tout vu) qui fait rage sur le net (et par exemple sur http://www.tela-botanica.org/actu/article1142.html)
- du merveilleux goût des soupes et quiches à l'ortie : il s'avère que pour être cuisinée l'ortie doit être jeune pousse... N'ayant en général affaire qu'à des plantes de 50cm à 1m80 je subodore qu'elles ne feront pas l'affaire et n'ose tenter le diable.
- de l'ortie comme indicateur de la qualité de la terre : hélas, dans un grand classique du livre de jardin "reconnaissez votre type de sol aux herbes qui y poussent naturellement" j'ai bien compris depuis longtemps que j'avais la chance d'avoir une terre exceptionnellement riche puisque s'y complaisent plantin, carotte sauvage, pissenlit, chardon et bien entendu l'héroïne du jour.
- des mauvaises herbes rebaptisées "vagabondes ou adventices" et de leur droit à la vie : il s'avère que, malgré ma hargne, je ne peux m'empêcher de laisser survivre (comme si je pouvais vraiment lutter) quelques touffes d'ortie depuis que je sais qu'elles servent d'hébergement aux coccinelles...
Cela dit, et bien dit, si vous avez un truc pour zigouiller les orties...
A dire vrai, je crains passer plus de temps dans des livres sur le jardin que dans mon jardin...
Parmi les innombrables arbres transformés en guides de jardinage, j'ai fini par trouver deux petites perles qui présentent, à mes yeux, le charme irrésistible d'être "écrits". Puisque l'exercice du blog s'y prête, c'est avec le plus grand plaisir que je fais leur promotion !!!
Stratégies de la framboise - aventures potagères
De Dominique Louis Pélegrin - Ed. Autrement - Collection Passions Complices - 14.95 €
Le résumé (texte de la quatrième de couverture) : Pendant des millénaires, ça s'est passé comme ça, à Babylone, en Chine et ailleurs. Les princes clôturaient des parcs pour y cultiver des lgumes exotiques, des fleurs rars, des animaux étonnants - singes, tigres, autruches. Les paysans faisent pousser l'ache et l'oignon, le chou et la carotte dans les jardins. Les princes pique-niquaient non loin des tigres et en retiraient un grand plaisir. Les petites gens contemplaient les abeilles, binaient les navets et se reposaient sous la tonnelle. Aujourd'hui, cultiver des légumes n'est plus une tâche d'agricultrice, un loisir ouvrier : c'est devenu un luxe princier. Vos amis s'extasent devant les épinards en liberté, reçoivent un cadeau d'estragon et de salade comme s'il s'agissait de singes rares ou d'autruches... Vous jardinez, vous vous prenez pour un prince, mais le potager a vite fait de vous ramener à la réalité : les batavias sont raplapla, une chouette insomniaque et une taupe cinglée font la pluie et le beau temps tandis que les framboisiers fomentent des plans. Jardiner, quelle aventure ! Loisir recherché, trousse de survie de l'humanité, expérience intime et partagée : le potager, c'est tout ça. Il n'est pas prêt à disparaître, au contraire : de plus en plus de fraises et de carottes dans les friches et les cours de récréation, de plus en plus de jardins familiaux en lisière des ville, c'est tant mieux.
Les premières lignes : "Mon emblème est une chaise longue bariolée d'une bêche et d'une faux entecroisées sur fond d'arrosoirs remplis d'eau claire. Mon outil favori, un plantoir de fer droit, rouge pour que je le retrouve plus facilement. Ma vie préférée c'est au potager".
Mon humble avis : ne pas se laisser rebuter par le côté "potager". L'auteur aborde un jardin bien plus vaste et riche, plein d'anedoctes et d'informations : tiens je vais le relire !
Le beau jardin du paresseux
De Patricia Beucher - Ed. Ulmer - 29 €
Le résumé (texte de la quatrième de couverture) : voilà bientôt vingt ans que Patricia Beucher pilote avec bonheur et d'une main légère ses 3000 m2 de jardin : pas plus de 15 jours par an pour un potager au complet (400 m2), une quarantaine d'arbres fruitiers disséminés entre jardin d'ornement et prairie. Le fruit de cette expérience, c'est une vraie méthode pour jardiner paresseux : un brin d'organisation et un léger changement de cap suffisent pour que le verbe jardiner rompe avec une vieille image absorbante et ronchon. Le secret est dans l'air du temps : troquer les méthodes autoritaires pour se caler sur le rythme de la nature. Car à quoi bon se jeter sur sa tondeuse dès l'apparition du premier pissenlit si, à cette époque, l'herbe pousse à toute vitesse ? Alors, écolo le paresseux ? Certes oui. Paillages tous azimtus pour réduire l'entretien à presque rien, achats sur mesure pour éviter les ennuis côté maladies et minimum de traitements afin que faune et flore règlent leurs comptes sans qu'on s'en mèle. Gourmet comblé, ne cultivant que le meilleur, le paresseux qui jardine comme ça attire les copains, et tisse un riche réseau d'échange avec les inconnus qui ont une bonne tête. Bref, même fauché, même maladroit, jardinez paresseux, vous serez heureux !
Les premières lignes : "On est venu pour visiter une maison, et l'on tombe amoureux d'un paysage, d'un ciel, d'un bout de terre en friche où la lumière paraît plus belle qu'ailleurs. Un endroit où l'on se sent en parfaite harmonie avec le monde. Puis bizarrement, ça se gâte dans la cacophonie..."
Mon humble avis : pour avoir déjà en stock de nombreux ouvrages "jardinez cool" et autres promesses de fainéantise arboricole, celui-ci détonne franchement avec une vision rafraichissante (peut être un tantinet optimiste pour les jardiniers du dimanche).