Voila, c'est dit. Le tabou est transgressé. L'indicible est formulé. Au fil des chroniques, j'ai évoqué régulièrement la sacro-sainte "sécurité" à l'origine de bien des maux des voyageurs : le sujet est délicat à traiter d'un ton léger ; assommant sous son angle technique ; un vrai casse-tête et pourtant...
Eh bien oui ! Carrément ! Le train ... est dangereux ! Bizarrement, alors que Monsieur/Madame Toutlemonde prend son volant tous les jours en ayant vaguement à l'esprit que la voiture tue (même si cela n'arrive qu'aux autres évidemment) ou que les phobiques de l'avion sont si nombreux qu'il existe des "programmes de familiarisation" dispensés par les compagnies aériennes, fort peu des voyageurs s'apprêtant à monter dans un train ont peur de ce qui pourrait leur arriver. La vérité est terrible : ils ont tort !
Un train est avant tout lourd, du coup cela met environ 4 fois plus de distance qu'une voiture pour s'arrêter et, en plus, il roule - comme son nom l'indique - sur un chemin de fer (pas moyen de braquer rapidement pour éviter un accident sans parler des contraintes mécaniques) : deux inconvénients majeurs. Le côté positif des choses est historique : comme les défauts du système existent depuis le début (1827 quand même en France hmmm) les générations de cheminots ont eu le temps de trouver des parades...
Dans un premier temps et juste pour le plaisir de faire frémir dans les familles, je vous propose une petite revue en détail des vrais gros risques (évidemment contrés par une organisation redoutable : des techniques ; des textes ; des formations mais à chaque jour suffit sa peine).
Le nez-à-nez
Se présente plus particulièrement lorsque les trains circulent sur une seule et unique voie mais pas seulement... Donc en résumé puisque l'expression est parlante : deux trains qui se percutent face à face, alors qu'ils roulent bien entendu... vlam. Conseil de cheminot : éviter la première voiture des trains.
Le rattrapage
Là, ce serait plutôt un train qui rentrerait dans un autre "par derrière", genre : celui de devant est arrêté et le suivant continue à rouler à normalement ; vlam. Sur autoroute on appelerait cela un carambolage. Conseil de cheminot : éviter la dernière voiture des trains.
La prise en écharpe
Soit deux voies ferrées se rejoignant, si l'on ne gère pas (au point de jonction) quel train passera en premier, la locomotive de l'un a tous les risques de rentrer dans les voitures de l'autre... vlam. Conseil de cheminot : s'assoir côté paysage et non côté "entrevoies" ; ne pas oublier de changer en route si besoin.
Le déraillement par excès de vitesse
Non pas que les conducteurs soient des chauffards du rail - loin de là - mais l'erreur est humaine et la circulation sur des rails compliquée (coin fragile : on ralentit, travaux : on ralentit, ...). Au moindre relachement de l'homme ou des infrastructures : vlam. Pas de conseil de cheminot car pas grand chose à faire.
L'obstacle sur les voies
Des rochers, des véhicules routiers ou des arbres sur les voies et vlam. A part éviter - encore et toujours - la première voiture, le cheminot n'a pas non plus là beaucoup de conseils à prodiguer...
A voir comme cela, ce n'est pas joli-joli et je suis bien désolée d'avoir dû lever le voile sur toutes ces potentielles catastrophes ; vivement le prochain chapître : qui fait quoi pour éviter ça ?
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PS : le titre est une citation - qui m'a marquée au fer rouge - de M.E. pour qui le reconnaîtra (merci à lui de m'avoir ouvert les yeux et inculqué le virus sécuritaire - dans le sens ferroviaire du terme).