Depuis 10 jours déjà, les cheminots ont reçu une jolie note de service qui leur rappelle le changement d'heure légale de ce 30 mars et les dispositions à prendre. Cette courte page A4 reprend l'information principale (on change d'heure) et renvoit à un "document d'application" très officiel de 9 pages dont voici quelques extraits que j'estime savoureux :
- Objet du texte : ce texte doit permettre aux utilisateurs de connaître les actions qu'ils ont à mener lors des changements d'heure légale (au cas ou personne n'aurait donc compris : on change d'heure et il y a des trucs à faire) ;
- Résumé des principales évolutions et nouveautés : prise en compte des simplifications apportées par l'arrêté du 3 avril 2001 (pris suite à la directive européenne 2000/84/CE) relatif à l'heure légale française (on sent bien tout de suite le côté simplifié de la chose) ;
- Généralités : dans les départements métropolitains de la République Française, la période de l'heure d'été commence le dernier dimanche du mois de mars à 2 heures du matin. A cet instant, il est ajouté une heure à l'heure l'égale. La journée du changement ne comporte que 23 heures par suite de la neutralisation d'une heure (allons bon, c'est officiel, aujourd'hui ne compte que 23 heures...) ;
- Mise à la nouvelle des horloges et montres :
- Chaque agent en service le jour du changement d'heure légale et à l'heure prescrite doit le plus rapidement possible, mettre sa montre à la nouvelle heure, c'est-à-dire l'avancer d'une heure au printemps ou la retarder d'une heure en automne (ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément) ;
- Les Régions doivent prendre toutes les dispositions utiles pour faire mettre rapidement à la nouvelle heure les horlogies des établissements (...). S'il apparaît que les horloges de certains établissements ne pourront pas être mises à l'heure le jour du changement de l'heure, les Régions doivent, dans toute la mesure du possible, faire procéder, la veille au soir, à l'annulation des horloges en cause par deux barres en croix (on ne rigole pas du tout : soit on est à l'heure soit on est annulée : de la vie des horloges en gare...) ;
- Les agents des trains ne devront pas tenir compte du décalage horaire des horloges qui n'auront pas pu être mises à la nouvelle heure au moment du changement de l'heure (si si c'est logique : comme ils ont mis leurs montres à l'heure au point 1 ils peuvent ignorer les horloges non rectifiées du point 2, j'en ai vu deux qui ne suivaient plus au fond près du radiateur) ;
Et, rendus à ce point, j'arrête là les extraits de ce texte (qu'il m'est formellement interdit de sortir de l'entreprise et que je retirerai à la première demande d'une autorité compétente gla-gla) pour aborder le meilleur sous forme de prose personnelle. En effet, selon la période de l'année, le sort des trains va être radicalement différent :
- au changement d'heure du printemps, les trains prennent, en principe - vlam, une heure de retard et tout le monde est prié de faire de son mieux, dans le cadre des réglements de sécurité, pour réduire le dit retard ;
- au changement d'heure d'automne, les trains de voyageurs sont, en principe, tous systématiquement arrêtés une heure pour repartir à l'heure prévue de la gare où on les bloque.
J'y vois, trivialement, une explication logique : nous savons faire rouler les trains en retard :) !
(Plus sérieusement, les trains ne peuvent pas rouler en avance, c'est dangereux sauf dans sur quelques lignes prévues à cet effet, c'est - encore une fois - la sécurité qui explique cette différence de traitement mais le raccourci était irrésistible).
Résultat des courses : un seul et unique agent Sncf de ma gare s'est "loupé" avec la nouvelle heure ; plusieurs dizaines de voyageurs ont raté leur train : peut-être faudrait-il envisager de distribuer les textes réglementaires, ingrats mais exhaustifs, à nos clients ???
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