Dans chef de gare, prenons "gare" : espace muni des quais adéquats où des voyageurs arrivent et partent dans diverses machines ferroviaires, achètent des titres de transport et autres denrées, boivent un café, lisent un journal et, comme n'importe où ailleurs, tombent, se cognent, se blessent, ont des malaises, meurent parfois...
Des chutes en cascade
Quotidiennes et plus ou moins sanglantes, on en compte environ deux tiers en gare pour un tiers dans les trains (statistiques personnelles totalement empiriques). Sur la terre ferme, on n'attirera jamais assez l'attention des voyageurs sur les risques encourus à se lancer dans un sprint pour attraper son train sans se méfier du quai glissant ; à prendre les escalators avec de nombreuses valises ne demandant qu'à verser ; à baguenauder le nez au vent alors que d'aucuns sèment leurs bagages comme autant d'embuches ! Dans les trains, les grands classiques consistent à rater la descente sur le quai, à tomber dans l'allée (wanted : bagages mal rangés) et à se louper dans les escaliers dans les Tgv Duplex... Quoiqu'il en soit, les radios vont crépiter, les pompiers vont être appelés et le chef de gare se précipitera constater les dégats et apporter son soutien moral. Oserai-je avouer qu'une chute dans le train est un tantinet plus préoccupante pour le cheminot car elle risque de retarder le départ ??? Malheureusement... oui ! A savoir que les premières idées qui fusent dans votre tête sont alors : "la personne va-t-elle pouvoir partir ? Sera-t-elle en état d'être descendue du train où faudra-t-il la soigner sur place ? Allons-nous devoir attendre longtemps l'intervention des services d'urgence ?" De la difficile cohabitation de la compassion et de la ponctualité... Cerise sur le gâteau, quand le blessé aura été pris en charge, que vous aurez laborieusement rédigé le "rapport d'accident de personne" et que tout sera rentré dans l'ordre, vous aurez encore à faire venir le nettoyage pour les éventuelles taches de sang sur le quai ou dans le train (pour éviter une nouvelle chute ? Non, je plaisante) !
Crises et syncopes
Diabète, épilepsie, hypoglycémie, claustrophobie : on tourne de l'oeil facilement dans votre gare ! Le souci : la personne inconsciente est bien en peine de vous dire ce qui lui arrive... Radios, pompiers, chef de gare, la même procédure que pour les chutes se met en place mais elle se conlut en général par une hospitalisation. Là, vous n'êtes pas d'une grande utilité, les pompiers connaissent les accès à la gare, déploient leur brancard et s'évacuent rapidement : une affaire rondement menée. Maglré tout, le chef de gare ne peut s'empêcher de ruminer un peu sur deux-trois motifs habituels de malaise : les futures mamans qui s'effrondrent à leur arrivée en gare car elles ont voyagé debout tout au long de leur trajet (on imagine que d'autres voyageurs étaient assis confortablement ?) ou les voyageurs qui partent sans aucun médicament alors qu'ils connaissent leur pathologie et ses risques (avoir sa carte de diabétique sur soi mais ne pas prendre de petit-déjeuner franchement : est-ce bien raisonnable ?)...
Urgences vitales
Heureusement rarissimes ! Et ne tombant pas forcément lors de votre présence en gare : ouf ! Mais inévitables sur le long terme... Alors que vous pensez avoir affaire à un malaise "classique", les pompiers ont déjà appelé le Samu, votre salle des pas perdus se transforme en épisode de série Tv hospitalière, la foule s'amasse autour des sauveteurs : c'est mal parti ! Pour l'unique urgence vécue à titre personnel, nous avions fait appel à des agents d'accueil munis de couvertures (!) pour dresser tant bien que mal un paravent, un périmètre d'intimité, autour des urgentistes... Le chef de gare s'occupe alors essentiellement de la famille ou des accompagnants de la personne tout en réquisitionnant les forces de l'ordre pour assurer, encore une fois, un peu de tranquillité autour des manoeuvres de réanimation. Quand le malade est évacué par les secouristes, nous ne savons pas toujours s'il s'en sortira ou pas... Le pire est, bien évidemment, quand le corps reste sur place en attendant les pompes funèbres... Si, par comble, tout cela est arrivé dans un train il faudra transborder tout le monde car l'endroit doit être condamné pour la Police. Difficile à vivre dans tous les cas, que l'on ait déjà vécu cela à titre personnel ou qu'on le redoute, que l'on soit parent et voit un enfant partir sous ses yeux ou l'inverse, que ce soit la première ou la dixième fois...
.
Ton message me rappelle des souvenirs...
Ligne Bordeaux-St Pierre des Corps, août 2003, chaleur excessive, un vieux monsieur a fait un arrêt cardiaque dans le train.
Train bloqué en gare de Poitiers plus d'une heure...
Mes pensées allaient au monsieur évidemment mais aussi à ma correspondance je dois l'avouer...
Je dois porter la poisse à cette ligne car la chose s'est reproduite en octobre dernier, sans décès cette fois-ci heureusement.
Cette fois je n'ai pas pensé à ma correspondance, je savais que je rentrerais à la maison, peu importait l'heure.
On devient plus intelligent au fil du temps!!
Rédigé par : Lul'oups | 08 février 2007 à 14:41
Bon, t'as gagné.
Je prendrais toujours le temps de prendre un petit-déjeuner si je vais voyager en train :p
( suis pas diabétique, mais un malaise peut arriver vite, dans un train bondé, hein !)
Rédigé par : sel | 08 février 2007 à 14:58
Merci de m'avoir ouvert les yeux sur les dangers des gares ! La prochaine fois que je partirai en train, je mettrai mes genouillères et mon casque ! :~)
Rédigé par : Tant-Bourrin | 08 février 2007 à 20:38
Les malaises du matin...quel régal! C'est surtout au moment où les magazines nous expliquent par tous les moyens comment perdre un os que c'est l'hécatombe en gare, les demoiselles préférant jeûner. Il m'est arrivé d'avoir 3 malaises simultanés, on ne sait plus où donner de la tête! Et en période de pointe, bien sûr, sinon, ça n'a aucun intérêt!
Rédigé par : Audrey | 09 février 2007 à 09:28
@ Lul'oups : encore heureux qu'en vieillissant on devienne meilleur ! Sinon ou serait le profit ???
@ sel : et copieux svp le petit déjeuner ! Non, je plaisante : chacun fait ce qu'il veut mais ne vient pas tomber dans les pommes dans ma zolie gare c'est tout ;)
@ TB : à ce rythme je vais pouvoir sortir une note juste sur ce qu'il faut avoir comme matériel pour affronter une gare... j'ai honte... Vais trouver un sujet sans risque et gai ! (euh...)
@ Audrey : oh oh on sent la connaisseuse !!! Mais tu m'y fais penser... c'est le mois prochain que les mags féminins commencent leurs offensives "perdre un os pour l'été" ??? Aie aie aie !
Rédigé par : ophise | 09 février 2007 à 14:04
J'ai découvert ton blog via celui d'Angel. Et j'ai quasiment tout lu en une seule fois. Ton écriture fait que ton blog est vraiment agréable à lire. Et puis cela donne un autre point de vue (pour relativiser) sur la grande machine SNCF. Je prends le train depuis plusieurs années assez régulièrement et mon ami est militaire donc on connaît les trajets longue durée avec retards, changement et arrêt en pleine voie (il est arrivée une fois que le TGV heurte une vache et ça sentait le boeuf grillé à l'arrivée).
Rédigé par : Claire | 14 février 2007 à 11:07
le coup de râter la descente du train je connais, et mon tibia s'en souvient encore 25 ans après ... j'ai un trou de 1/2cm :-( ça fait pas très joli, tout ça parce que le mr derrière moi m'a poussé
Rédigé par : kheyliana | 14 février 2007 à 14:18
@ Claire : merci madame la grande voyageuse. Evidemment, plus on prend le train plus on connait d'aventures...
@ kheyliana : bienvenue ! Oui les autres voyageurs peuvent aussi être des dangers !!!
Rédigé par : ophise | 14 février 2007 à 18:08