Tout voyageur un peu assidu connait cette annonce en gare : "Mesdames, Messieurs, le train xxx est actuellement en cours de préparation. Sa voie de départ vous sera indiquée dès que possible, la Sncf vous prie d'accepter ses excuses pour ce désagrément...". Les habitués la redoutent avec raison : malgré la suavité de la voix, ce n'est pas une bonne nouvelle : il y a un os quelque part, mais lequel ??? Petit tour en coulisses :
Le train n'est pas prêt...
Dans le meilleur des mondes du service ferroviaire, un train est nettoyé avant chaque voyage, son bar - quand il en a un - est plein de victuailles, les numéros de voitures et de places sont correctement affichés, les toilettes ont fait le plein d'eau, un conducteur est prêt en cabine et des contrôleurs sont sur le quai pour accueillir les voyageurs. Dans la douloureuse vie réelle d'une gare, toutes ces conditions sont rarement réunies 20 minutes avant le départ (puisqu'il s'agit là du sacro-saint délai à partir duquel la voie de départ doit être affichée). Retards dans le chargement du bar, erreur dans l'affichage des voitures, absence d'un agent Sncf : autant de contrariétés pour le chef de gare qui doit se résoudre à déclencher l'annonce ci-dessus citée... même pour quelques minutes.
Le train n'est pas là...
Bête comme chou ! Qu'il soit retenu "au garage" ou coincé derrière un autre sur la voie, difficile d'afficher un train qui n'est pas là... Le premier cas est le plus fréquent : l'atelier du Matériel qui chouchoute le train n'a pas encore pu le faire partir (la visite technique ou le nettoyage ne sont pas terminés) et annonce une "mise à quai tardive". Bizarrement, bien que le train parte en retard de l'atelier, arrive donc en retard à la gare et que sa voie ne soit affichée que 5 ou 10 minutes seulement avant l'heure officielle de départ, le train part généralement à l'heure ou quasiment. Grâces en soient rendues à nos fidèles clients qui, après avoir guetté farouchement l'affichage, se ruent sur leur quai et dans leur train terrorisés à l'idée qu'il ne parte malgré tout à l'heure prévue (ce que nous ne ferions pas en laissant du monde sur le quai - nous avons des principes malgré tout - mais il ne faut pas trop que ça se sache).
Plus douloureux, les retards à l'arrivée qui vont, inévitablement se transformer en retards au départ ! Les voyageurs font rarement le lien mais la majorité des trains font des demi-tours : ils arrivent d'une ville, passent une ou plusieurs heures en gare (nettoyage, remplissage du bar, etc...) et repartent dans l'autre sens. Encore faut-il qu'ils arrivent... et dans les temps de préférence ! Un suicide sur la voie, une panne mécanique, des conditions météorologiques qui limitent la vitesse des trains et ce sont autant de demi-tours retardés... Le chef de gare est impuissant et regarde ses quais devenir noirs de monde entre les personnes qui attendent des voyageurs à l'arrivée et ceux qui attendent de partir. Pas grand chose à faire en effet - pour gagner un peu de temps, on baclera le nettoyage du train - sauf prendre son mal en patience le temps que les choses rentrent dans l'ordre.
Le train est cassé...
On peut avoir du mal à y croire mais à l'heure des Tgv à 300 km/h, le train relève encore et toujours de la machine mécanique avec les faiblesses que cela suppose. Les trains qui arrivent des ateliers sont, en théorie, en bon état de fonctionnement mais les fameux demi-tours (puisque vous êtes désormais initiés) sont plus fragiles et tombent malheureusement parfois en panne à l'arrivée. Dans le meilleur des cas, l'intervention sur place des agents du Matériel suffira à réparer la bête ou tout au moins à permettre qu'elle reparte. La mécanique étant ce qu'elle est, la panne peut être plus grave et il faudra remplacer le train prévu par un autre ("casser le demi-tour" pour les amateurs de jargon ferroviaire). Sachant qu'un train, et plus encore un Tgv, coûte une petite fortune, la Sncf n'a pas pléthore de trains en réserve : une panne ça va, trois pannes on n'y arrive pas ! On en sera réduit à replacer les voyageurs dans les autres trains pour la même destination mais c'est une autre histoire...
Voilà, c'était un premier opus de "décryptez sans peine les annonces Sncf"...
Découvert par hasard,je mets votre blogue dans mes favoris. Je suis de Belgique, mais SNCB ou SNCF, même combat, faire rouler des trains -:) Euh, je comprends votre prévention vis à vis des photographes - dont je fait partie - mais quand même, ne soyez pas trop dure avec eux (sauf ceux qui se mettent en danger bien sur)
Rédigé par : Ferrosteph | 15 novembre 2006 à 18:34
Bienvenue et merci !!! Nous sommes d'accord : il n'y a que les photographes qui font des folies qui sont dans la ligne de ... visée !
Rédigé par : ophise | 15 novembre 2006 à 22:22
Et pendant ce temps là que les agents en gare calme le voyageur exité, nous nous faisons taper sur les doights parce que la rames n'est pas donné à leurs... :)
Le répartiteur déprime derrier ses écrans, le CRMP gueule parce qu'on le fait partir en retard,et le jeune remiseur se depeche pour faire les bandes, quelle vie... :D
Bon courage
Rédigé par : Un jeune remiseur | 28 novembre 2006 à 14:11
Jeune remiseur : courage mon garçon !!! Ca ne doit pas etre très rigolo dans les coulisses non plus. Et pour vous harceler quand la rame n'est pas à l'heure, je ne suis pas la dernière à vous mettre la pression : j'essaierai de faire un effort désormais promis juré !
Rédigé par : ophise | 28 novembre 2006 à 22:37
Un plaisir à lire,...tu devrais ecrire un livre,...
Rédigé par : steph | 03 décembre 2006 à 12:18