Qu'une grande gare, au même titre que tout lieu public, ait son lot quotidien d'enfants perdus n'a rien de surprenant. Le personnel est tout aussi habitué à repérer un petit égaré qu'à épauler les adultes éplorés et, entre annonces sonores et mails internes d'avis de recherche, les choses rentrent dans l'ordre dans la majorité des cas. Nous sommes toutefois moins bien préparés à gérer les conséquences de la capacité de certains parents à fourrer leurs enfants dans des guépiers ferroviaires... D'aucuns font preuve en ce domaine d'une créativité débridée face à laquelle il est bien difficile de garder une neutralité polie. Quelques exemples...
Les enfants sont partis dans le train, les parents restés sur le quai...
Un grand classique : il est bien rare de voir passer une semaine sans qu'un père ou une mère ne se présente, affolé(e), car ... "je suis redescendu(e) du train acheter le journal - des cigarettes, une boisson, des médicaments, ... - et quand je suis revenu sur le quai le Tgv était parti !!! Mon fils est tout seul dedans : il faut arrêter le train tout de suite !!!". Hélas, trois fois hélas, nous n'arrêterons rien du tout... mais nous allons régler ça ! Joindre le contrôleur du train pour qu'il retrouve l'enfant et le rassure, aviser la première gare d'arrêt pour qu'elle réceptionne le petit et le confie aux bons soins de la police locale*, envoyer les parents changer leur billet pour le prochain train... et dispenser une petite leçon de morale bien sentie parce que "tout de même quoi" !!!!
Les enfants sont sur le quai, les parents partis dans le train...
Unique expérience vécue à ce jour : deux jeunes adolescents, poussant-tirant un chariot à bagages surchargé, arrivent au bureau d'accueil légèrement désemparés : leurs parents sont partis et eux ne savent pas trop bien quoi faire... Renseignements pris, les grandes personnes - en possession des billets - étaient parties devant en leur donnant rendez-vous sur le quai, une fois sur place les garçons ne sachant pas dans quelle voiture monter ont vu le train partir sous leur nez... Les parents tombent des nues quand on arrive à les joindre, car persuadés que leur progéniture était dans le train et sont très contrariés d'apprendre qu'ils vont devoir revenir à Paris chercher la dite progéniture au poste de Police de la gare...
L'enfant est seul à bord d'un train qui n'est pas le bon...
Tristement mémorable... "Ma fille devait partir en colo, on est arrivés un peu tard, j'ai cru que le train était voie A et je l'ai mise dedans au moment où les portes se fermaient mais ... ce n'est pas le bon train". Jetons un voile pudique sur le fait que toutes les colonies de vacances, sans exception, donnent un point de rendez-vous en gare aux parents ; que la remise de l'enfant à l'organisme se fait contre quelques paperasseries et que les animateurs du séjour étaient toujours en gare puisque le départ était prévu une heure plus tard... Le résultat est le même : nous voici (encore ?) avec un enfant seul à bord d'un train. Dans un premier temps, le contrôleur nous informe avoir retrouvé la fillette et nous pouvons donc rassurer les parents. Dans un deuxième temps, nous revenons de nouveau vers eux pour les envoyer chercher leur fille à la première gare d'arrêt du fameux train mais là surprise : les parents sont repartis, confiant la suite des aventures aux organisateurs de la colonie ! Lesquels, très professionnels, enverront un animateur retrouver la petite voyageuse et l'accompagner jusqu'à son centre de vacances et n'oublieront pas, après le séjour, de signaler dûment la chose aux services sociaux...
Mais aussi...
Passer, à 12 ans, trois heures sur un quai à attendre que la personne qui devait venir vous chercher arrive à s'extraire des embouteillages parisiens ; faire un trajet en "Jeune Voyageur Seul", voir vos parents venir vous chercher sans la moindre pièce d'identité (ils sont venus en voiture mais n'ont pas leur permis sur eux...) et ne pas comprendre pourquoi le méchant chef de gare vous emmène tous chez les policiers ; devoir se présenter pour mendier un billet de retour parce que "pour un enfant ils feront un effort et ne te feront pas payer"... il vaut mieux ne pas trop parler de "l'inconséquence de la jeunesse" aux agents des gares...
Pour conclure...
Le fait de doter les enfants de tous âges de téléphones portables n'était pas de mon goût, force est de constater que cela me simplifie souvent la vie...
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*La règle est incontournable pour tous les mineurs : la Sncf doit les confier à la Police, charge à elle de vérifier les identités et droits des adultes qui viendront les "libérer".
A faire remonter au chef de produit JVS : il s'agit de Jean-Claude Gonnot (mail habituel sncf). je ne comprends pas tout de l'affaire du billet de retour mais c'est vrai il y a des contrats très clairs qui précisent tout y compris la pièce d'identité obligatoire pour ceux qui viennent chercher les JVS... Même cas de figure en situation perturbée. On ne peut fourrer un mineur dans un taxi ou un bus de substitution sans autorisation écrite des parents ... Vive les téléphones portables et les fax donc! Si les parents ne sont pas joignables , remettre les mineurs aux autorités policières est la seule règle ....
Rédigé par : | 09 octobre 2006 à 12:59
Ce n'était peut-être pas le but mais je vais être un peu moins angoissée quand je prendrais le train avec mes enfants de savoir que les contrôleurs "veillent" (ah, l'angoisse de devoir aller au petit coin avec l'un d'eux et de laisser l'autre dans le "tout seul" - même confié aux bons soins de la mamie gâteau du wagon - pendant ce temps!).
Rédigé par : Jimk | 06 février 2007 à 14:51