Un lecteur (merci Denis) ayant souhaité avoir des nouvelles du jardin, voici le désormais traditionnel bilan annuel.
Jardin abandonné te le fait cher payer
La photo ci-dessus ne rend pas tout à fait justice à l'incroyable vitalité de la nature laissée à elle-même. Soit une prairie domptée, bordures soignées, plates-bandes quasi-désherbées et, un mois plus tard : la savane ! Certes, nous avons eu peu de temps à consacrer cette année à la campagne, je note tout de même de m'astreindre à un passage tous les quinze jours entre mi-avril et mi-juin. Juste histoire de ne pas me retrouver de nouveau debout avec de l'herbe à hauteur de cuisse, les mains pleines d'ampoules à force de démarrer puis diriger cette f...ue débroussailleuse, le dos moulu pour les mêmes raisons et le moral au fond des bottes (crottées).
Plante quand tu peux, la nature fait ce qu'elle veut
Dans l'herbe haute, à gauche du cerisier, noyée sous les graminées : une haie de cassis (puisque je vous le dis !). Les six premiers pieds ont été dûment plantés en novembre 2007 dans les règles de l'art, les six suivant fin avril 2008 lorsque nous avons réalisé qu'une demi-haie était vraiment ridicule. La technique a été absolument la même : taille des trous, engrais (naturel !), arrosage (unique), désherbage (inexistant). Vous me voyez venir ? Comme de bien entendu, l'ensemble est complètement déséquilibré : les plants d'automne se sont moins bien développés ! Maigrichons, des feuilles plus rares et plus jaunes, moins de fruits : y'a pas de justice, les proverbes ne font rien qu'à mentir !
Les fruits rouges sont tes amis, ne te laissent jamais démunie
Aux beaux jours, tout le canton était d'accord : 2008 était une année sans fruits ! La célèbre alternance avait frappé : peu ou pas de cerises, aucune prune et à peine plus de pêches. Et pourtant, chez les "parisiens" on confiturait à tout-va... La revanche des petits fruits. Fraises de bois si basses, si parfumées ; framboises drageonnantes qui se répandent partout ; groseilles blanches, rouges ou à maquereau (aie ça pique) ; cassis sexagénaire ou nourrisson : que du bon et surtout du "qui donne" ! On amusera un peu le pays car la récolte - ingrate - de ces petites merveilles tourne à l'obsession (quoiqu'il y ait bien du mérite à ne "pas gâcher") mais fermer son buffet sur une belle pile de bocaux de gelées et confitures vaut bien quelques moqueries...
Du labeur et du bonheur
Séquence philosophie de comptoir. Je serais très malheureuse que l'on s'y trompe : ce jardin trop grand, trop fougueux, trop envahissant, comme je le peux le décrire parfois, est surtout une vraie joie ! Peu importe son aspect ou ce qu'il produit : il est un morceau de bonheur dans nos vies. Je n'aime rien tant que jeter un vague matelas de jardin sur l'herbe pour y faire une sieste héroïque : supporter les oiseaux qui ont tous quelque chose à dire, craindre l'attaque sournoise des fourmis dérangées sur leur chemin, redouter les inévitables guèpes, m'agacer des vaches qui soupirent (fort !) dans le champ d'à côté, pardonner au voisin qui lance son motoculteur (faut bien que ça se fasse...). Et dormir comme un sonneur ! L'Indiana Jones du roupillon...
Investir dans des jumelles pour recenser les différentes espèces d'oiseaux qui nous font l'honneur de nous visiter.
Renoncer, une fois encore, à traiter un rosier désespéré pour ne pas saloper tout ça.
Sortir dans la nuit, un verre à la main, regarder les étoiles et avoir très peur.
...
et trouver, malgré tout, que cela demande bien du travail (36 heures entre les deux photos) :