Des larmes, des baisers de dernière minute, des mouchoirs claquant au vent... un petit panache de vapeur pour les nostalgiques, des coups de siflet, un petit travelling sur le train qui commence à rouler : les "adieux sur les quais de gares" sont un grand classique ! Comme souvent, vue de l'autre côté du miroir, l'histoire n'est pas tout à fait la même... Et si vous posez la question au premier chef de gare que vous croisez, voici ce que vous risquez fort d'entendre :
Les accompagnateurs ne font rien qu'à se mettre en danger
Et vas-y que je descends en marche sans réaliser que l'on peut tomber entre le train et le quai et y laisser : au mieux une jambe, au pire sa vie... Et que je cours sur le quai, rouvre la porte du train pour y jeter d'une main ferme ma femme ou mon gosse sans mesurer là non plus l'énorme risque de chute et de danger mortel... Et que je retiens la porte du Tgv pour charger encore une dernière valise de Mamie sans savoir qu'à la troisième tentative de fermeture "sur obstacle" la mécanique va monter à xx bar de pression, une force en présence de laquelle un poignet ou une cheville ne font pas le poids, une épaule ou une clavicule pas beaucoup plus...
Les accompagnateurs ne font rien qu'à mettre les trains en retard
Sur les dizaines de milliers de trains qui partent de ma gare chaque année, on peut estimer que 90% de ceux qui vont piler juste après le départ auront été arrêtés par un signal d'alarme, tiré par un accompagnateur resté à bord et souhaitant redescendre... Très agaçant ! Il va falloir que le contrôleur se rende jusqu'à la porte par laquelle le fautif sera parti pour "réarmer" le signal d'alarme et que l'on redonne le départ : pas grand mal à première vue ? Sauf que le train avait commencé à rouler et qu'une partie des voitures est souvent déjà dans les voies "hors des quais" : un risque pour tout le monde ! Qui plus est, comme la vie est compliquée, cette rame plantée là empêche à coup sûr les autres trains de circuler. Très contrariant !
Les accompagnateurs ne font rien qu'à raler quand on ne les laisse pas passer
Pour tous les trains Idtgv et lors des opérations d'accueil-embarquement, la règle est simple : une barrière à l'entrée du quai, des agents qui vérifient que les billets sont valables et pas d'accompagnateurs ! Ce n'est pas un injuste diktat mais de la logique : à quoi servirait de vérifier que tous les voyageurs sont munis d'un titre de transport si c'est pour laisser passer des personnes les mains dans les poches ? Précisons que la Sncf fait exception pour les personnes âgées et les femmes enceintes ou avec des enfants en bas-âge qui peuvent être aidées par un proche jusqu'à leur voiture et qu'est ce que vous gagnez : des amoureux furieux d'être séparés avant la dernière minute, des parents éplorés de ne pouvoir suivre leur progéniture (de plus de 18 ans !), des collègues mécontents de devoir abréger leur conversation...
Pas joli-joli mais sincère ! Cela dit, pas beaucoup de solutions non plus... Peut-être deux dernières réflexions sur le sujet :
- légalement, l'accès aux quais est toujours interdit aux personnes sans billets pourquoi ne pas l'afficher en gare ?
- à tous ceux qui nous promettent que "la prochaine fois on prendra l'avion !", puis-je rappeler la souplesse qui caractérise les régles d'embarquement dans les aéroports...
Il y a donc des sujets qui fâchent la chef de gare ? Un tantinet :)
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PS : et non, remettre les bons vieux "billets de quai" en service ne résoudrait pas tout.