Il a beaucoup plu ce dimanche 11 novembre sur Paris... Votre gare séculaire, classée aux bâtiments de France, n'est plus en mesure, depuis longtemps, de faire face aux intempéries, mais il en est des plus surprenantes que d'autres...
Alors que, soucieuse déjà - in petto - des trombes d'eau qui s'abattent et qui ne vont pas manquer d'inonder votre gare, vous vous dirigez tranquillement vers l'extérieur pour assouvir un vice auquel la loi vous interdit formellement de vous livrer dans les lieux publics, vous remarquez la première flaque sur le sol... Continuant votre chemin, l'idée fait le sien jusqu'au moment où vous revenez rapidement sur vos pas car il est impossible qu'il pleuve à cet endroit de la gare ! Pourtant, il y a bien une jolie petite fuite du plafond, qui tombe - ploc-ploc - au beau mileu d'un endroit de passage incontournable de vos clients ??? Las, le coupable semble tout désigné, un inconscient a encore dû laisser sa fenêtre ouverte dans un bureau exposé, cela ne serait pas la première fois, vous voici partie à la recherche de la cause improbable.
N'onobstant les collègues qui papotent innocemment dans l'escalier vous affrontez résolument le premier étage (premier suspect) et ouvrez (bêtement ?) la porte du local de vos collègues contrôleurs pour tomber sur une immonde inondation, monstrueuse flaque, mini-tsunami... d'urine et d'excréments ! Les uns flottant gaiement sur la petite mer jaunasso-verdâtre de l'autre... Pas besoin des explications, cris de rage et appels à l'aide des malheureux présents pour comprendre qu'une canalisation a lâché et que, pas de chance, ce n'est pas l'arrivée d'eau fraîche qui est concernée !
Alors que vous abandonnez lâchement les lieux, vos chaussures de service gravement contaminées, pour courir demander l'appel en urgence du plombier d'astreinte, l'idée de la fuite qui goutte tranquillement sur la tête de vos clients devient obsessionnelle... A vous les joies d'essayer d'instaurer un périmètre de sécurité avec un vieux bout de ruban tout noué que votre collègue de soirée s'acharne à déméler (il vous revient pourtant avoir signalé la pénurie il y a déjà quelque temps) ; de tendre entre poubelles et poteaux le dit ruban pour restreindre le passage des voyageurs (non Madame je ne sais pas d'où part le train de 19h, excusez-moi d'être en train d'essayer de vous protéger, j'ai comme une urgence là) ; d'appeler à l'aide les militaires Vigipirate passant par là (please, please, empêchez-les de passer ce n'est pas de l'eau !!!! merci les gars je vous en voudrais moins au prochain bagage abandonné) ; de refouler tous ceux qui s'en fichent (pas la poussette !!! enlevez cette poussette de là !!!!) ; etc...
Pendant ce temps, la fuite dans les locaux se sera transformée en petite cascade, on l'entend qui glougloute dans l'escalier - abandonné, tiens donc, par les bavards - et forme désormais un petit lac, toujours plus nauséabond au rez-de-chaussée où les cheminots, ne sachant ce qui se passe, pataugent pour aller prendre leur service... Faute d'être chef de tout le monde, vous demandez à vos troupes d'évacuer les lieux, signalez aux autres qu'ils devraient en faire de même mais qu'ils n'ont qu'à prendre les ordres (ah les responsables sont logés au premier, donc n'y sont plus ??? chacun sa croix...).
Les pompiers de la gare font maintenant le guet autour de votre périmètre, le service du nettoyage est arrivé et s'active à grands coups d'aspirateur "à eau" à essayer de remettre de l'ordre, le plombier s'est fait tirer l'oreille mais va quand même se déplacer... ça tombe bien, votre service est terminé et il est l'heure de rentrer à la maison... dîner !!!